dimanche 31 mai 2020

Montréal dans un nouveau délire

Mise à jour du 31 mai

Émilie Dubreuil nous en apprend plus sur les juristes militantes qui sont derrière ce « nouveau délire » féministe linguistique comme l'a qualifié Mathieu Bock-Côté (cf. infra) :

Pour élaborer sa nouvelle politique linguistique de communication épicène, Montréal a eu recours à des activistes qui n’ont pas de formation en linguistique.

Lundi 25 mai. Pandémie oblige, le conseil municipal de la Ville de Montréal a des airs futuristes. Les membres du conseil municipal parlent chacun tour à tour de chez eux.

Depuis son appartement aux teintes de blanc, la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier, se dit heureuse d’annoncer, à titre de responsable du dossier des communications au comité exécutif, qu’il y aura des formations pour utiliser le mode de communication épicène, car c’est, disait-elle, une priorité : de s’adresser aux gens de manière inclusive.

On pourrait dire d’ailleurs, en féminisation lexicale, les membres et les « membresses ». « Membresse » est utilisé dans certains milieux féministes dans une optique de « féminisation ostentatoire », expliquent Suzanne Zaccour et Michaël Lessard dans leur Grammaire non sexiste de la langue française, publiée aux éditions Syllepse, en 2017. Le féminin ostentatoire est marqué à l’oral; ainsi, la réhabilitation des femmes ne se limite pas à l’écrit, peut-on lire à la page 32 de l’ouvrage.

Les auteurs de cette grammaire ont été retenus par la Commission de la présidence du conseil de Montréal pour guider les élus dans la formulation de recommandations pour élaborer la nouvelle politique de communication épicène de la Ville. La commission a accueilli des ressources internes et externes, spécifie le mandat d’initiative sur la rédaction épicène.

D’abord, la Commission a pris connaissance des recommandations existantes de l’Office québécois de la langue française, puis de celles de Suzanne Zaccour et Michaël Lessard, que le mandat d’initiative présente ainsi : deux spécialistes de l’Université McGill qui ont coécrit la Grammaire non sexiste de la langue française. Ces « spécialistes » ne sont cependant ni linguistes, ni terminologues, ni grammairiens. Ce sont deux juristes de l’Université McGill connus pour leur militantisme.

Après McGill, Suzanne Zaccour a poursuivi des études de droit au troisième cycle à la prestigieuse Université d’Oxford. Ses recherches portent sur la culture du viol et la critique féministe du droit. Elle a publié l’an dernier, chez Leméac, un essai intitulé La fabrique du viol. Elle a aussi fait parler d’elle en écrivant une critique du concept « d’aliénation parentale » dans le quotidien La Presse l’an dernier. Dans ce texte, elle affirmait que le « syndrome de l’aliénation parentale » était une stratégie masculiniste qui s’employait au détriment des femmes. L’an dernier, elle prononçait une conférence à l’Université de Montréal sur les liens entre culture du viol et exploitation animale.

Quant à Michaël Lessard, ses travaux portent principalement sur la place du genre en français, le traitement des victimes d’agression sexuelle, le droit des familles et le droit des personnes, peut-on lire dans la brève biographie proposée par son éditeur.

Jointe au téléphone, Kathy Wong, présidente du conseil municipal actuellement en fonction et qui a dirigé cette commission, précise que les auteurs n’ont pas donné de formation linguistique à proprement parler, mais plutôt fourni un bagage historique et sociologique aux élus sur la langue épicène.

Ils n’ont pas été rémunérés. Ce n’est pas la Commission de la présidence qui a sollicité l’avis de ces deux chercheurs, mais plutôt le Conseil des Montréalaises.

Les deux chercheurs/juristes sont venus présenter leur perspective historique et sociologique en séance de travail le 13 juin 2018 lors d’une courte présentation d’environ 45 minutes, incluant une période de questions des membres de la Commission, précise Mme Wong.

Pourquoi faire appel à des non-experts? Je ne vois pas pourquoi la Ville fait appel à des personnes non expertes alors qu’au Québec, toute l’expertise est là et qu’elle est là depuis un bon moment, dit Marie-Éva de Villers, linguiste et lexicographe, connue pour son Multidictionnaire de la langue française. Les guides de féminisation et de langue épicène ont été conçus avec un grand professionnalisme par des experts de l’OQLF et sont entrés dans les mœurs des grandes institutions depuis un bon moment, ajoute Mme de Villers.

Auteure de l’avis officiel de féminisation des titres à l’Office québécois de la langue française, en 1977, la lexicologue est une pionnière dans le domaine de la féminisation de la langue. On ne peut, bien évidemment, que souscrire à cette idée de rendre l’écriture la plus épicène possible, mais à condition, toutefois, que cela demeure correct et lisible, explique la linguiste.

Texte du 28 mai 

Texte de Mathieu Bock-Côté.

Radio-Canada rapportait vendredi que la Ville de Montréal soumettra bientôt ses employés à des séances de rééducation linguistique, pour leur apprendre à réécrire comme l’exigent certaines ultraféministes. En pleine pandémie, la gauche radicale garde le sens de ses priorités.

En gros, il faudrait réinventer les règles de la langue française. C’est le règne de l’écriture inclusive et épicène.

On apprendra à tordre les règles de la langue et à écrire de la manière la plus « neutre » possible, quitte à déformer la grammaire et le sens des mots pour lutter contre la supposée « suprématie du masculin ».

Grammaire

Idéalement, on veut effacer le masculin et le féminin – voyons-y un écho de la théorie du genre qui rêve d’un monde sexuellement neutre, aseptisé.

Tout cela au nom de l’inclusion et de la lutte contre l’oppression. Les grands mots accouchent de grands maux.

Comment ne pas voir là une forme d’hallucination idéologique et linguistique ?

Derrière l’écriture inclusive, on trouve une forme de féminisme paranoïaque qui se croit en lutte contre la « suprématie du masculin » dans la langue française.

Ceux qui en font la promotion ont tendance à voir du sexisme dans les règles de la langue française, mais à n’en voir aucun dans le voile islamique.

Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.

C’est le néoféminisme académique qui cache derrière l’appel à l’émancipation féminine une aversion pour le grand méchant homme blanc.

Cette reconstruction idéologique du français est toxique.

Il faudrait pousser à l’apprentissage du français, pas le détruire.

Dialecte

Le dialecte montréalais, qui versait déjà dans cette forme particulière de la démence linguistique qu’est le franglais, se détachera encore plus du français international. Nos Inclusifs, qui se croient ouverts sur le monde, nous enfoncent dans un provincialisme étouffant.

Il m’arrive de croire que la gauche radicale est une forme de névrose idéologique.

Chose certaine, écrire correctement deviendra un acte de dissidence intellectuelle dans l’administration municipale « projetmontréalienne ».

Aucun commentaire: